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vie quotidienne - Page 4

  • Luc 15. "La drachme perdue" Dieu à la recherche des êtres humains

    Luc 15
    18.1.98
    "La drachme perdue" Dieu à la recherche des êtres humains
    Ps 36 : 6-12 Eph. 1 : 3-10 Luc 15 : 1-10

    Chers frères et soeurs en Christ,
    Aujourd'hui, je vais vous parler du plan secret de Dieu qui est évoqué dans la lettre aux Ephésiens. Ce plan, Jésus l'a révélé dans diverses paraboles. Pour aujourd'hui, j'ai choisi la parabole dite de la "drachme perdue". Cette parabole est précédée de la parabole de la "brebis perdue" et suivie de la parabole du "Fils prodigue". Ce sont trois mauvais titres qui insistent sur ce qui a le moins d'importance.
    Ces trois paraboles pointent dans la même direction, quelque chose de perdu est retrouvé, un mouton, une pièce de monnaie, deux fils. A travers ces paraboles, nous trouvons un message qui nous ouvre une porte sur le vrai visage de Dieu, sur la relation que Dieu a avec nous et sur nous-mêmes, notre cheminement spirituel.
    A. Le vrai visage de Dieu. Placée entre les deux autres paraboles, le récit de la femme qui cherche sa pièce de monnaie nous rappelle que Dieu n'est pas exclusivement masculin, même s'il est d'abord comparé à un berger, puis à un père de famille.
    Notre parabole de la recherche de la pièce perdue est l'équivalent, au féminin, de la recherche du mouton égaré. Jésus raconte une histoire où c'est une femme qui tient le rôle de Dieu. Elle cherche une pièce, dans la maison. Lorsqu'elle l'a trouvée, elle appelle ses amies et ses voisines. Dieu n'est pas seulement le Bon Berger, il est aussi la Bonne Ménagère, un Dieu maternel, capable de souffler sur les écorchures de nos genoux, capable d'enlacer tendrement ses enfants et de leurs donner de gros poutous dans le cou.
    B. La parabole nous révèle Dieu en action et au travers de cette action le lien qui se tisse entre Dieu et nous. Le berger (plutôt riche) ne veut pas perdre un mouton, devenir moins riche. La femme, (plutôt pauvre) ne veut pas perdre une pièce, devenir plus pauvre. Dieu ne consent pas à perdre qui que ce soit. Dieu souffre d'un manque chaque fois qu'un humain s'éloigne et se perd. C'est lui qui engage immédiatement des recherches pour retrouver sa plénitude, son intégrité, et il n'aura pas de relâche avant d'avoir retrouvé ce qui est perdu.
    Ne nous faisons pas d'illusions sur ce que signifie l'humain qui se perd et qui est retrouvé, du point de vue de Dieu. Une pièce de monnaie pense-t-elle ? Peut-elle se perdre elle-même, ou revenir d'elle-même dans le porte-monnaie ? Peut-elle se repentir ? La drachme illustre la totale passivité de l'être humain lorsqu'il est question de son salut ! C'est Dieu qui engage les recherches. C'est Dieu qui se bouge, qui de démène. C'est le regard de Dieu, cette recherche, qui nous donne de la valeur. C'est à ses yeux que nous avons un prix infini, non par le prix de nos efforts.
    Dieu nous cherche et nous retrouve. Mais que se passe-t-il après, une fois que nous sommes revenus dans le troupeau, dans le porte-monnaie, dans la maison du Père ?
    C. Notre cheminement spirituel. Certainement, nous avons à éviter de laisser notre coeur se dessécher (comme celui des pharisiens) et nous mettre à juger ceux du dehors. Nous avons un cheminement spirituel à faire, et je crois que les trois paraboles à la suite nous révèlent des étapes pour notre vie intérieure sur ce chemin.
    Il nous arrive à tous, à un moment ou à un autre de notre vie de vivre une crise où nous éprouvons soudainement un vide, un manque. La première quête est souvent de partir à la recherche de ce qui nous manque. Une recherche au travers de voyages, de dépaysements, de lectures, bref des recherches à l'extérieur de nous-mêmes. Nous faisons la même chose que le berger qui part dans le désert chercher ce qu'il a perdu. Cela peut nous satisfaire un temps, mais souvent le manque resurgit.
    La quête alors peut se faire intérieure, ce que nous cherchons est peut-être à l'intérieur de nous-mêmes, dans notre être. Comme la femme nous allumons une lampe pour éclairer notre caractère, notre personnalité. Nous prenons le balai pour chercher partout et ne pas laisser un coin de notre existence inexploré. Et nous cherchons avec soin pour trier ce que nous ne voulons pas garder et ce qui a de la valeur et que nous préservons.
    Les coups de balai nous conduiront à l'aboutissement de notre quête lorsqu'ils auront créé la place nécessaire à celui qui nous cherche assidûment; lorsque nous aurons compris que c'est le Père qui vient au devant de nous, que c'est lui qui alimente la source qui est au plus profond de nous.
    La quête intérieure, c'est découvrir le portrait de Dieu que nous avons esquissé plus haut, du Dieu qui cherche ses enfants sans relâche.
    C'est pourquoi, il faut renommer toutes ces parabole et parler du berger, de la femme et du père qui cherchent jusqu'à ce qu'ils trouvent, parce que Dieu ne supporte pas d'être séparé d'un seul d'entre nous.

    Amen.

    © 2007, Jean-Marie Thévoz

  • Luc 1. Double nature du Christ : Dieu devenu vrai homme en Jésus

    Luc 1
    22.12.2002
    Double nature du Christ : Dieu devenu vrai homme en Jésus
    Es 42 : 1-9 Luc 1 : 26-33

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Dimanche dernier, souvenez-vous, nous avons constaté que les quatre évangiles nous présentaient des récits extrêmement différents de la naissance de Jésus. Il est impossible de faire concorder ces récits, sauf sur un point où ils sont absolument unanimes : tous présentent, à leur manière, Jésus comme le Fils de Dieu.
    Nous avons vu également que cette confession de foi « Jésus est le Fils de Dieu » en même temps que l'affirmation « Jésus est pleinement humain » est au coeur de la foi chrétienne. En tant que chrétiens, nous confessons Jésus comme vrai homme et comme vrai Dieu, ce qu'on appelle, dans notre jargon de pasteur : la double nature (divine et humaine) du Christ.
    Dans les premiers temps de l'Eglise — avec le témoignage des apôtres qui ont côtoyé Jésus — il n'y avait pas de difficultés à accepter que Jésus ait été un homme. Le plus difficile était de convaincre les auditeurs que Jésus était plus qu'un bon prophète. Il fallait convaincre les juifs que Jésus était le Messie qu'ils attendaient. Il fallait convaincre les non-juifs que Jésus était de nature divine et qu'il réalisait vraiment les promesses de Dieu, plutôt qu'il ne répétait des promesses anciennes qui se réaliseraient plus tard.
    Les évangiles de l'enfance de Jésus, le début des évangiles de Matthieu et de Luc sont écrits pour nous persuader de cette filiation avec Dieu, du caractère divin du Christ. Mais il ne suffisait pas d'établir ce lien divin avec Jésus, pour asseoir, dans l'esprit des auditeurs, cette nature divine. Il faut encore persuader les auditeurs que Dieu peut prendre forme humaine, que Dieu peut s'abaisser à devenir humain. Ainsi, ce n'est pas la nature humaine de Jésus de Nazareth qui fait problème, mais le fait que Dieu puisse devenir humain, prendre forme humaine, s'incarner.
    L'affirmation de la double nature du Christ va alors rencontrer deux fronts d'opposition qui tous deux contestent l'incarnation de Dieu.
    A. Le premier se développe au sein du judaïsme, avec la contestation que ce Jésus soit le Fils de Dieu, mais sans contester qu'un jour le Messie viendra. Le judaïsme ne conteste pas la possibilité que Dieu se révèle au travers d'un homme, puisqu'il attend le Messie, mais il conteste que ce Jésus-là soit le Messie attendu. Les juifs attendent toujours le Messie, ce Jésus-là n'est pas le Fils de Dieu.
    B. Un second front s'ouvre avec l'islam. L'islam conteste l'idée même que Dieu puisse prendre lui-même une forme humaine pour rencontrer les humains face à face. La question n'est donc pas que cela soit Jésus ou un autre. Le fait même que cela arrive est impossible à leurs yeux. « Dieu est grand », il ne peut pas s'abaisser à prendre forme humaine, c'est incompatible avec sa grandeur, sa majesté. Il n'y a pas de messianisme en islam, pas de retour du Prophète, pas d'attente d'une venue.
    De cette impossibilité à penser que Dieu puisse s'abaisser et souffrir en devenant humain est née (bien avant l'islam) une autre opposition à la double nature, une opposition qui s'attaque à la nature humaine du Christ. On donne à ce mouvement le nom de docétisme (du latin : docet = il paraît). Dans cette pensée, Dieu est bien venu visiter les humains sur la terre, mais sans prendre de risques, notamment le risque de souffrir et de mourir. Dieu n'aurait pris que l'apparence (docet), que l'habit de l'homme, un peu comme les cyborg dans la science-fiction (6PO avec une peau humaine).
    Le docétisme a été combattu comme une hérésie grave. Nier la nature humaine du Christ, c'est rejeter l'incarnation de Dieu, abolir sa proximité, c'est renoncer à Noël et à Pâques qui deviennent des mascarades trompeuses.
    La foi chrétienne, c'est bien tenir ensemble la nature humaine et la nature divine du Christ, malgré les difficultés à les penser les deux ensemble.
    Si Jésus n'est pas de nature divine, les promesses de Dieu ne sont pas réalisées, Jésus ne peut pas être notre sauveur, la vie n'a pas été transformée et la mort n'a pas été vaincue.
    Si Jésus n'est pas Dieu devenu pleinement humain, alors Dieu ne s'est pas approché des humains, de nous.
    A Noël, comme chrétiens, nous confessons que Dieu, le majestueux, le Tout-puissant, a laissé au ciel les attributs de sa puissance, pour vivre la difficile vie des êtres humains.
    Dieu a pris le risque inouï — pour un Dieu — de vivre neuf mois dans le ventre d'une femme, de naître dans une situation précaire, de grandir et de devenir un homme, pleinement.
    Dieu a pris ce risque inouï de ne pas s'entourer des précautions de la richesse et du luxe pour naître dans un palais et vivre à la cour.
    Dieu a pris le risque inouï de dire la vérité de son amour, suscitant des réactions de haine, jusqu'à sa mort sur la croix.
    Dieu a pris le risque inouï de vouloir vivre, éprouver, ressentir, aimer, être déçu ou enthousiasmé, comme tout être humain dans la vie.
    Ainsi, il est proche de chacun d'entre nous, plein de compassion et de compréhension, il est véritablement Emmanuel, Dieu avec nous !
    Amen

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • Luc 1. En chemin dans ce temps de la réalisation, orienté vers le temps de l'achèvement.

    Luc 1
    3.12.2006
    En chemin dans ce temps de la réalisation, orienté vers le temps de l'achèvement.
    1 Pierre 2:4-10 Luc 1:5-17 Luc 1:18-25

    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers Amis,
    Pendant tout cette année 2006, nous avons fêté les 40 ans de notre paroisse. Nous nous sommes retrouvés pour des moments conviviaux, repas et rallye; pour des moments de partage spirituel; pour des moment musicaux et finalement pour des conférences qui nous ont rappelé nos racines et notre évolution. Nous n'avons pas vécu tout cela par nostalgie des temps passés, révolus. Au contraire, nous l'avons fait pour vivre et redynamiser notre présent, pour nous rendre compte que nous sommes nourris par nos racines et que la vie se déploie dans le présent, dans la ramure de l'arbre qui tend vers le ciel.
    Oui, nous vivons dans cette tension entre les racines et le faîte, entre la terre et le ciel. L'histoire de Zacharie et d'Elisabeth que l'évangéliste Luc place au début de son Evangile est aussi dans cette tension entre la terre et le ciel, entre le passé et l'avenir.
    Luc raconte ainsi comment, du Temple, surgit la promesse d'un temps tout nouveau, celui de la venue du Messie. Le Temple de Jérusalem où officie Zacharie appartient au passé. Au moment où Luc rédige son Evangile, les romains l'ont déjà détruit, il n'existe plus. Et pourtant, c'est bien de là, de cette racine du passé qui a nourri tout un peuple pendant des siècles, que naît la nouveauté.
    Le rythme du temps de Dieu n'est pas notre rythme à nous. Le temps de Dieu est le temps de la patience, c'est le temps de "la calme lenteur de toute germination"*1. C'est Lui qui prépare le temps de sa révélation, à petits pas, lentement, au fil des générations.
    Il a commencé par choisir un couple, Abram et Saraï, il a accompagné leurs enfants, il en a formé une grande famille, puis tout un peuple. Peuple errant dans le désert, puis nation établie. Royaume, un temps uni, un temps divisé. Peuple et rois admonestés par les prophètes, vaincus puis déportés, rassemblés puis revenus d'Exil. Enfin réunis dans un troisième Temple, ce peuple va être visité, d'abord par un précurseur, puis par le Messie.
    Né dans une famille de prêtres, élevé dans la tradition sacerdotale, Jean Baptiste deviendra un prêcheur au désert, aplanissant le chemin du Messie. Dieu nous déroute dans sa façon de ne pas compter le temps et dans sa façon d'être toujours ailleurs, là où nous n'irions pas le chercher. Jean Baptiste reçoit une mission "former un peuple prêt pour le Seigneur" (Luc 1:17). Jean Baptiste est à la charnière de deux temps : le temps de la préparation et le temps de la réalisation.
    Le temps de la préparation, c'est le temps que je viens de décrire où Dieu prépare la venue du Christ en se révélant petit à petit à son peuple pour le préparer à sa descente sur terre. Long chemin qui constitue la racine nourricière du temps de la réalisation de la venue de Jésus.
    Le temps de la réalisation, chaque génération le vit, depuis le premier Noël jusqu'au temps présent. C'est le temps de l'édification, de la construction de l'Eglise, peuple du Seigneur. Chaque personne est une pierre qui a sa place dans l'édifice. Peu importe que certains aient été dans les premières pierres posées et que nous arrivions presque 2000 ans plus tard. Chaque pierre est nécessaire à l'édifice, chacun a une place réservée dans le peuple du Seigneur.
    A chacun d'entre nous est redonnée la mission de Jean Baptiste : "former un peuple prêt pour le Seigneur." Nous formons une communauté où nous avons tous un rôle, une fonction. Avec nos diverses capacités et compétences, nous sommes tous appelés à devenir et à rassembler le "peuple prêt pour le Seigneur."
    Nous sommes en chemin dans ce temps de la réalisation et ce chemin est orienté vers le temps de l'achèvement. Le temps de l'achèvement, celui où Dieu régnera visiblement sur la terre, est notre horizon, comme il a été l'horizon des générations précédentes. C'est un temps que nous ne pouvons vivre qu'en espérance, mais qui donne un sens, une orientation à notre vie et à notre chemin.
    Nous savons que nous voulons une société plus juste, plus équitable, un monde où les valeurs humaines et relationnelles l'emportent sur les intérêts et l'égoïsme. Nous savons que nous marchons et travaillons en direction de cet horizon avec les forces que Dieu nous donne.
    Dans ce temps de l'Avent, nous vivons dans l'attente de ce surgissement du temps de Dieu. Dans ce temps de la réalisation, il est venu, pauvre et faible dans une étable — là où on ne l'attendait pas ! Sur notre
    chemin, un temps s'ouvre devant nous, un temps à écrire, à dessiner, à inventer.
    Nous avons fêté les 40 ans de notre paroisse pour nous rappeler nos racines, parce que c'est des racines que monte la sève qui nourrit la ramure et le faîte. Mais la vie de l'arbre est dans la ramure, c'est là que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid.
    Nous avons — en tant qu'Eglise et chacun en tant que croyant — toujours la même responsabilité que Jean-Baptiste : ouvrir un chemin vers l'horizon et "former un peuple prêt pour le Seigneur." Ne perdons pas cet objectif spirituel de vue pendant que nous cheminons. Formons ensemble un peuple prêt pour le Seigneur !
    Amen

    *1 La Règle de Reuilly, Réveil et Publications, Lyon, 1996, p. 57

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • Matthieu 10-11. Dieu place dans notre monde des signes discrets, fragiles — à l'image d'un nouveau-né

    Matthieu 10-11
    16.12.2001
    Dieu place dans notre monde des signes discrets, fragiles — à l'image d'un nouveau-né
    Es 35:1-7 / Jacq. 5:7-8 / Mat. 10:40 — 11:6

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Il y a des moments où l'on voudrait bien avoir un signe clair de la présence et de l'action de Dieu dans notre monde, surtout après la période troublée que nous avons vécue cet automne.
    Il nous arrive bien quelque fois d'avoir le sentiment que les choses n'arrivent pas par hasard — ou arrivent par hasarD avec un grand D, un D majuscule — mais on se dit souvent vite : "Ce n'est qu'une coïncidence" et on tourne la page, même si on aurait bien voulu que cela soit un signe ! Recevoir un signe, un signal, et à partir de ce moment-là se sentir soutenu, encouragé, affermi.
    Savez-vous qu'aux Etats-Unis et en Europe, plusieurs millions de dollars sont investis chaque année pour financer des radars et des équipes de scientifiques qui écoutent l'univers, pour tenter de capter les émissions d'une intelligence extraterrestre !
    Mais comment reconnaître un signal intelligent parmi le brouhaha de l'univers. On ne va tout de même pas recevoir un message radio en anglais ou en français. Comment reconnaître une langue, un signal extraterrestre ?
    Pour nous se pose le même problème : Comment reconnaître, parmi tous les messages, le message qui vient de Dieu ? Comment reconnaître, parmi toutes les personnes que nous croisons, la personne porteuse d'un message divin. Comment Jean Baptiste peut-il reconnaître parmi tous ses contemporains : « celui qui doit venir » ?
    Jean Baptiste est à la recherche du Messie, de « celui qui doit venir », celui qui est annoncé, promis, par l'Ecriture. Bien qu'il soit en prison, Jean Baptiste persiste dans sa quête et envoie ses disciples questionner Jésus : "Es-tu « celui qui doit venir » ?"
    Jésus va donner une réponse indirecte à cette question : il dit en quelque sorte à Jean-Baptiste : "Observe les signes, scrute ce qui se passe ! N'est-ce pas ce qui était annoncé dans l'Ecriture ?"
    En effet, ce qui est impossible aux hommes se réalise : "les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres". (Mt 11:5)
    Jean Baptiste a vu ces signes-là, ils nous ont été transmis dans les quatre évangiles, mais lorsque j'ouvre les yeux sur notre monde, aujourd'hui, je ne vois pas ces signes-là ! Le signe que je vois aujourd'hui, c'est seulement le signe de Noël que nous attendons, une naissance, la venue d'un nouveau-né. Des enfants continuent à naître dans notre monde ! Est-ce bien raisonnable ?
    Le signe que Dieu nous donne, sa signature, c'est la venue d'un bébé dans un pays occupé par les Romains, où des rébellions se déclenchent, suivies de représailles répressives, exactement la situation de la Palestine d'aujourd'hui ! Dans ce monde d'alors, comme dans notre monde d'aujourd'hui, Dieu donne comme seul signe "un nouveau-né, emmailloté et couché dans une crèche" (Luc 2:12).
    Un signe dérisoire face à nos attentes ! Dieu se moque-t-il de nous ? Quel est son plan ? Ce bébé Jésus est-il vraiment « celui qui doit venir » ?
    C'est à douter de tout, de Dieu, de Jésus, du salut ! Probablement est-ce pour cela que Jésus ajoute cette phrase — après les signes énumérés : "Heureux celui qui n'abandonnera pas la foi en moi, ou à cause de moi" (Mt 11:6). Oui, Jésus, tel qu'il est né, tel qu'il s'est présenté, tel qu'il a vécu, tel qu'il est mort, ne vient pas remplir nos désirs de toute puissance, nos attentes de bouleversements soudains, d'anéantissement radical et rapide du mal.
    Nous voudrions bien que Dieu intervienne radicalement dans notre monde d'aujourd'hui pour mettre fin à nos guerres, à nos injustices, à nos incapacités à partager... Mais il ne le fait pas. Il n'en a pas l'intention. Ce n'est pas sa façon de nous aimer et de nous respecter.
    Dieu place dans notre monde des signes discrets, fragiles — à l'image d'un nouveau-né. Des signes qui ne s'imposent pas, qui n'éblouissent pas, qui ne retiennent pas l'attention des médias. Des signes discrets, mais qui sont partout, qui sont dans tous nos gestes, qui sont dans tous les gestes faits à notre égard.

    "L'homme qui vous reçoit, me reçoit; et l'homme qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé (Mt10:40) Celui qui donne même un simple verre d'eau à l'un de ces petits, recevra sa récompense." (Mt 11:42).
    Chaque geste est un signe, un signal qu'il faut recevoir comme venant de Dieu. Chaque geste que nous faisons, veillons à le faire comme un geste qui peut porter la signature de Dieu.
    Cessons de porter nos regards vers le ciel comme des radars fixés vers l'immensité vide de l'espace en attendant un signal extra-terrestre. La venue de Dieu sur la terre, que nous attendons dans cette période de l'Avent et qui se réalise à Noël, signifie que les signes de Dieu se réalisent maintenant sur notre terre, directement autour de nous et au travers de nous, à travers nos gestes, des gestes tout humains.
    Croire à l'incarnation de Dieu, c'est ouvrir les yeux sur notre réalité présente et y chercher, y voir sa trace, ses signes, sa signature.
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz

  • 1 Rois 21 . La vigne de Naboth

    1 Rois 21
    10.12.2000
    La vigne de Naboth
    1 Rois 21

    Avez-vous signé la pétition pour la réhabilitation de Simon Naboth ?
    Comment, vous n'êtes pas au courant ?
    Mais d'où venez-vous pour ne pas avoir entendu parler de toute cette affaire ?
    Ah, quand même ? On vous en a déjà parlé !
    Mais vous voulez connaître ma propre version de l'histoire ?
    Qui me dit que vous n'êtes justement pas un agent de sa police secrète ?
    Ah, vous venez d'Egypte !
    Alors il faut que je vous explique comment mon père s'est retrouvé complètement piégé !

    Mon père avait une vigne, oh, pas très grande, mais quand même, elle produisait bien. Elle nous assurait assez de vin pour acheter ce qu'il fallait de blé, d'huile et de viande pour vivre toute l'année. C'est qu'elle était bien située, sur la pente de la colline, bien exposée au soleil. C'est ça qui a été notre malheur.
    Oui, en haut de la colline, il y avait le palais du roi Achab.
    Non, la vigne n'était pas à Samarie, le palais dont je parle est une résidence d'été, pas le palais de la capitale.
    Non, mon père est d'ici, comme mon grand-père et le grand-père de mon père. Cette vigne elle est depuis toujours dans la famille, c'est notre héritage et la garantie de notre appartenance au peuple d'Israël. Chez nous l'héritage d'une terre, c'est comme notre passeport ou notre carte de vote. On ne peut ni l'abandonner, ni la vendre à qui que ce soit, c'est une terre reçue de Dieu et ce serait gravement l'offenser que de s'en séparer.
    Alors lorsque le roi Achab est venu pour dire à mon père qu'il avait des projets d'extension de son palais et qu'il voulait acheter notre vigne, cela a mis mon père dans un grand embarras. Il est bien difficile de refuser quelque chose au roi, on risque de se le mettre à dos. Mais n'est-ce pas pire de blesser Dieu en abandonnant le cadeau qu'il nous a laissé en héritage ?
    Mon père a réfléchi longtemps, il n'en dormait plus, cela le hantait. Comment choisir ? Et surtout, comment ne pas choisir de plaire à Dieu, plutôt qu'aux hommes ?
    Mon père, c'était quelqu'un, il était droit, il savait comment conduire sa vie et jamais il n'aurait voulu offenser Dieu, ni le roi d'ailleurs, mais s'il fallait choisir, il savait où était son devoir.
    Alors il a dit non au roi Achab. Je l'admire, c'était un acte de grand courage.
    C'est alors que les ennuis ont commencé.

    Tout ça, juste parce que mon père avait une vigne au pied du palais royal !

    Déclaration universelle des Droits de l'Homme
    Article 17
    "Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété."

    * * *

    Le roi Achab n'était pas un mauvais roi ou une mauvaise personne. Mais il était mal conseillé (vous voyez ce que je veux dire...). Il y a à ses côtés (tourner la tête pour voir si l'on est observé, baisser la voix et dire avec terreur) la reine Jézabel.
    Lui, le roi Achab, il aurait laissé tomber. Il est des nôtres, il est le gardien de nos lois et de nos coutumes, il avait compris que les raisons de mon père n'étaient pas de la mauvaise volonté. Il avait essayé, il avait espéré tomber sur quelqu'un qui n'était pas attaché à la coutume ou qui avait plus envie de faire fortune que de suivre le chemin du Seigneur. Mais il était tombé sur mon père.
    Tout seul, le roi Achab, il aurait changé les plans d'extension de son palais. Mais avec Jézabel, cela n'allait pas passer comme cela. Vous voyez, Jézabel, elle vient de Sidon en Phénicie. Elle a gardé ses dieux de là-bas et elle détourne le roi du chemin de ses pères. Elle a beaucoup d'influence sur lui. Elle a réussi, à Samarie même, la capitale, à faire construire un temple à Baal. Baal, voilà un dieu qui demande des choses affreuses. Pour qu'il donne la vie à travers la pluie, eh bien, les hommes doivent lui sacrifier des vies. En temps normal, des animaux suffisent. Mais si la pluie ne vient pas, alors Baal réclame des enfants. C'est une véritable abomination. Après ça, étonnez-vous que cette Jézabel n'ait aucun respect pour la vie humaine et n'hésite pas à trucider tous ceux qui se mettent en travers de son chemin.
    Où en étais-je ? Ah oui, Achab aurait laissé tomber pour la vigne de mon père. Mais Jézabel — maudite soit-elle — a pris cela pour un affront personnel contre son mari.
    — Non mais, tu ne vas pas te laisser faire par ce nabot de Naboth — oui notre nom c'est Naboth, alors le jeu de mot est facile, j'en ai assez souffert à l'école ! — tu ne vas pas te laisser retenir par cette coutume idiote, tu es le roi d'Israël quand même !
    Qui c'est qui règne ici ? Tu ne vas pas t'incliner comme ça, simplement parce qu'il a dit non ! Tu passeras pour une lavette, personne ne te respecteras plus. C'est une honte.
    Elle criait tellement fort que tous les serviteurs ont entendu la savonnée qu'elle passait à son mari. J'aurais presque pitié de lui, s'il n'avait pas fait ce qu'il a fait. Ou plutôt laisser faire...
    Jézabel, en fait, lui a simplement demandé de la laisser régler l'affaire elle-même. Et il a accepté, et pour cela je lui en voudrais toujours, tout roi qu'il est. Ou justement parce qu'il est roi et qu'il aurait dû refuser pour faire respecter le droit.

    Jézabel a monté un piège, un vrai traquenard. Mon père n'avait aucun moyen d'y échapper. Alors elle l'a fait arrêter par sa milice.

    Tout ça, juste parce que mon père avait une vigne au pied du palais du royal !

    Article 9 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme
    "Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé."

    * * *

    Ah, vous voulez savoir quel était ce piège ? Eh bien, elle a écrit des lettres au nom du roi Achab, avec le cachet royal, pour faire organiser un banquet. Elle s'est arrangée pour que les anciens de la ville désigne mon père pour présider ce banquet officiel. Mon père était président de la confrérie des vignerons de la ville, cela n'avait rien d'anormal qu'on lui demande de présider ce banquet.
    Jusque-là, tout allait bien.
    Mais Jézabel avait envoyé deux membres de la mafia de Samarie à ce banquet. Pour sûr que ces deux-là avaient une dette envers Jézabel ou comptaient obtenir en échange l'impunité pour un racket quelconque. Bref, ils avaient reçu des cartons d'invitation et se trouvaient au banquet. Là, lorsque mon père commençait son discours de bienvenue, ils sont intervenus pour dire qu'ils l'avaient entendu maudire Dieu et tenir des propos antiroyalistes. Ces deux là avaient tellement bien monté leur coup qu'ils sont arrivés à retourner l'opinion de l'assemblée, qui pourtant tous connaissaient mon père de vue et de réputation.
    Comme ils étaient deux, cela faisait deux témoignages et cela suffisait pour le faire arrêter. C'est vraiment bizarre que la milice ait été là sur place si rapidement, alors qu'il faut l'attendre des heures lorsque des vauriens viennent se servir dans nos vignes. Cela montre bien que tout était manigancé d'avance !

    Le pire, c'est qu'après cette arrestation, mon père a été emmené tout de suite hors de la ville, sur le terrain vague, sans aucune forme de procès. D'habitude, on laisse retomber l'excitation de l'arrestation et on prépare un procès. On nomme un juge et l'on permet à l'accusé de produire aussi des témoins.
    Là, rien.

    Tout ça, juste parce que mon père avait une vigne au pied du palais du royal !

    Article 11 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme
    "Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées."

    * * *

    La foule était rassemblée là, sur le terrain vague. Il y avait ceux qui venaient du banquet et qui injuriaient mon père. Et il y avait les gens qui étaient simplement dans la rue au moment où les gens du banquet étaient sortis et avaient fait cortège pour amener mon père jusque-là. Il faisait chaud, cela criait de partout, mon père était malmené, mais on pouvait encore penser qu'il serait juste passé à tabac et qu'on le laisserait tranquille. Beaucoup pensaient qu'il fallait juste lui faire la leçon et que tout le monde se souviendrait simplement qu'il ne faut pas dire du mal du roi.
    Mais non, la tension montait. Quelques personnes avaient ramassé des pierres, mais personne n'osait jeter la première pierre. Chacun sait que la première pierre est le signal et qu'après tout peut arriver, qu'il n'est plus possible d'arrêter le délire d'une foule.
    Puis tout à coup, le silence s'est fait, je ne sais pas comment. Et ceux qui étaient autour de mon père ont commencé à reculer. Le cercle s'élargissait autour de mon père et j'ai pensé qu'il était sauvé.
    Mais alors, dans le silence de la foule, l'envoyé de Jézabel que le roi Achab n'avait pas arrêté dans son projet mortel, a lancé sa pierre en criant "A mort, le traître" et là j'ai su que tout était fini.

    Tout ça, juste parce que mon père avait une vigne au pied du palais du royal !

    Article 3 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme
    "Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne".


    * * *

    Vous ne pouvez pas savoir ma haine à ce moment-là pour tous ces gens qui se sont laissé entraîner dans cette violence collective. Pourquoi personne n'a pris la défense de mon père ?

    Vous ne pouvez pas savoir comment cela a été les jours suivants. Personne dans la ville ne m'a plus regardé en face, tellement ils avaient honte.

    Vous ne pouvez pas savoir ensuite mon désespoir lorsque le roi Achab est venu prendre possession de la vigne de mon père, celle dont je devais hériter et transmettre à mes enfants lorsque j'en aurais.

    J'étais dans la vigne du voisin, caché derrière le pressoir. J'étais effondré, sans avenir, un exilé sans terre dans mon propre pays. Qui viendrait prendre ma défense après ce qui est arrivé ? Un mot et mon sort serait pareil à celui de mon père. On sait de quoi est capable Jézabel.

    J'observais de loin ce qui se passait dans ma vigne, comment Achab parcourait ma vigne, la vigne de mon père, Naboth, en souriant, en s'exclamant sur ses réalisations futures.
    Alors il s'est passé quelque chose d'incroyable !
    Un homme est arrivé en courant. Il s'est placé en face du roi Achab, debout ! Il ne s'est pas incliné comme tous les autres, morts de peur.
    Et il a commencé à déclamer :

    « Voici ce que déclare le Seigneur :
    — Ainsi, tu as assassiné quelqu'un,
    et tu viens maintenant prendre possession de ses biens »
    « Voici ce que déclare le Seigneur :
    — A l'endroit même où les chiens sont venu lécher le sang de Naboth, les chiens viendront aussi lécher ton propre sang.»

    "Puisque tu as pris du plaisir à faire ce qui répugne à Dieu, voici ce qu'il déclare :
    « Je vais envoyer le malheur sur toi, je te ferai disparaître, parce que tu m'as extrêmement fâché et que tu as poussé le peuple d'Israël à commettre un meurtre. » (1 Rois 21 : 19+21)

    Et le prophète ajouta ces paroles pour toute l'assemblée qui était autour du roi :

    "— On vous a dit ce qui est bien et ce que le Seigneur demande de vous :
    c'est de respecter la justice et le droit des autres,
    d'aimer agir avec bonté
    et de marcher humblement avec votre Dieu." (Michée 6:8)

    Sur ce, le prophète s'en alla comme il était venu, sans que personne n'ose mettre la main sur lui. C'est la main de Dieu qui était sur lui.

    Ainsi j'ai compris, qu'il y avait quelqu'un au-dessus du roi et que le roi ne pouvait pas faire ce qu'il voulait avec n'importe qui.
    La contestation de l'injustice est soutenue par notre Dieu, le Dieu d'Israël, loué soit-il !
    Depuis ce moment, je ne me suis plus senti seul dans ma révolte contre l'injustice, je me suis senti soutenu dans mon nouveau combat contre l'oppression des petits, des sans-voix, des sans-pouvoirs.

    Merci mon Dieu d'avoir envoyé quelqu'un dire directement au roi ma colère contre le mal qu'il y a dans le monde.

    Merci mon Dieu d'être du côté de la justice et du plus faible. Apprends-nous à nous mettre du même côté que toi dans la vie.

    Amen.

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • Luc 1. La réconciliation comme préparation à Noël

    Luc 1
    6.12.1998
    La réconciliation comme préparation à Noël
    Es 40:3-5 Mal 3:23-24 Luc 1:5-17

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Qu'est-ce que tu veux pour Noël ? C'est une question qu'on pose on qu'on entend beaucoup ces temps. Les parents la posent à leurs enfant, les oncles et tantes à leurs neveux et nièces. On se la pose entre conjoints, à quelques amis chers. On nous la pose.
    On a des désirs, ou on n'en a pas de précis, et puis parfois on a un soupir de lassitude... Ce qu'on désire vraiment, peut-on le mettre dans une boîte, l'emballer dans du beau papier entouré d'un joli ruban ? A-t-on vraiment besoin de quelque chose encore, d'un objet en plus ? Nos aspirations ne sont-elles pas ailleurs ? N'avons-nous pas besoin de choses plus immatérielles, plus relationnelles, plus personnelles et profondes ? Lassitude de l'aspect commercial de Noël, aspirations à d'autres réalités, plus vraies, plus réelles.
    Alors, comment allons-nous préparer Noël qui vient ? Oui, Noël se prépare... Dieu lui-même a préparé Noël, Dieu lui-même a préparé le chemin de l'avènement de son Fils. C'est la figure de Jean-Baptiste que Dieu envoie pour préparer le chemin, pour préparer l'accueil de Jésus.
    Avec Jean-Baptiste nous pouvons nous préparer à vivre Noël sur un mode nouveau qui réponde à nos aspirations profondes. L'évangéliste Luc nous relate comment la venue même de Jean-Baptiste est préparée pour nous montrer son rôle, sa place, sa mission. La naissance de Jean-Baptiste est mise en parallèle avec celle de Jésus. Deux annonces par un ange; deux conceptions extra-ordinaires; deux enfants qui vont grandir sous l'aile du Saint-Esprit. Beaucoup de similitudes entre Jean-Baptiste et Jésus, mais des rôles bien définis et bien différents.
    Jean-Baptiste s'inscrit dans l'ordre ancien. Il est le fils de Zacharie et d'Élisabeth, qui eux-mêmes s'inscrivent dans la plus pure tradition de l'Ancien Testament. Ils servent au Temple, leurs généalogies les rattachent à Aaron, le frère de Moïse. Jean-Baptiste s'inscrit donc au coeur du peuple d'Israël, le peuple choisi par Dieu dès le début. C'est à son peuple élu que Dieu réserve le summum de sa révélation. Jean-Baptiste s'inscrit dans la continuité de l'élection. Le Sauveur qui va venir, c'est celui qui a été annoncé et promis dans l'Ancien Testament. Jean-Baptiste, c'est l'accomplissement des promesses d'Esaïe : "la voix qui crie dans le désert pour préparer le chemin" et l'accomplissement de la promesse de Malachie : "un prophète revêtu de la puissance d'Elie". Tradition et accomplissement se rencontrent en Jean-Baptiste.
    Il a une mission qui est définie dès avant sa naissance :

    "Il ramènera beaucoup d'Israélites au Seigneur leur Dieu. Il s'avancera lui-même devant Dieu avec l'esprit et la puissance du prophète Elie, pour réconcilier les pères avec leurs enfants et ramener les désobéissants à la sagesses des hommes justes; il formera un peuple prêt pour le Seigneur." (Luc 1:16-17).
    Cette mission prépare, anticipe la venue du Messie et la réalisation de sa promesse. Cette mission est exprimée en termes de réconciliation. Réconcilier, ramener les coeurs des pères vers leurs enfants. Réconcilier les parents avec leurs enfants, c'est au niveau humain la figure de la réconciliation de Dieu avec les êtres humains. Le premier pas vient de celui qui a l'autorité, la force, le pouvoir.
    • Comme Dieu a pris la responsabilité et l'initiative de renouer avec l'être humain, de même, c'est à nous adultes, parents, aînés de prendre l'initiative de rénover, renouveler nos relations avec nos proches.
    • Comme Dieu a envoyé un messager pour préparer la route, aplanir les montagnes et combler les fossés, de même, c'est à nous de préparer le terrain, d'aplanir les obstacles et d'envoyer des signaux bienveillants à ceux qui nous entourent pour amorcer une réconciliation, pour améliorer nos relations.
    • Comme Dieu a laissé tombé ses griefs contre Israël pour envoyer son Fils, de même, nous pouvons laisser tomber nos rancunes, nos regrets, nos désirs de vengeance pour ouvrir la porte à de nouveaux contacts.
    Préparer l'Avent, la venue de Noël, c'est préparer des cadeaux pour les autres, mais peut-être des cadeaux auxquels nos proches aspirent mais n'osent pas espérer, quelques cadeaux immatériels, mais combien précieux qui pourraient illuminer Noël d'une autre lumière que celle des bougies !
    L'avent, Noël, un temps pour la réconciliation, mais peut-être pas seulement avec les autres, aussi avec soi-même. Combien sommes-nous ici, qui sont partagés ou en guerre avec soi-même ? Combien de reproches avons-nous en réserve contre soi, combien de "il faut", "tu devrais", "tu aurais dû", restent en suspens dans notre esprit et nous empêchent d'être en paix avec soi-même ?
    La réconciliation — dont Dieu planifie le chemin, la venue — est aussi pour nous-mêmes, pour nos âmes chargées et fatiguées de ces luttes constantes.
    Reposez-vous, détendez-vous, la réconciliation intérieure est aussi une promesse pour chacun de nous, un cadeau que chacun peut recevoir, un cadeau que Dieu dépose sous chaque sapin. A chacun de le saisir et de le faire sien.

    Amen

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • Jean 16. Demandez et vous recevrez et ainsi votre joie sera complète

    Jean 16
    14.12.97
    Demandez et vous recevrez et ainsi votre joie sera complète
    Luc 2 : 8-11 Psaume 16 : 7-11 Jean 16 : 16-24

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Joyeux Noël !
    C'est peut-être encore un peu tôt pour vous dire Joyeux Noël !, pourtant, c'est déjà le temps des cartes de voeux et ces mots se retrouvent sur les vitrines des magasins depuis quelques jours déjà. Noël est associé à la joie et c'est de la joie que j'aimerais vous parler maintenant.
    La joie est annoncée aux bergers à propos de la naissance de Jésus : "une grande joie pour tout le peuple" ( Lc 2:10). La joie, Jésus l'annonce aussi à ses disciples dans le texte de l'évangile de Jean que nous venons d'entendre : "mais je vous reverrai et votre coeur se réjouira, et personne ne pourra vous enlever votre joie !".
    Parler de la joie à Noël, c'est normal, mais je me suis quand même senti mal à l'aise au moment où j'ai voulu écrire des cartes de voeux à des personnes qui ont perdu un être cher récemment. Peut-on dire Joyeux Noël ! à quelqu'un en deuil ? Peut-on dire Joyeux Noël ! à quelqu'un qui vient d'apprendre qu'il a un cancer ? Peut-on dire Joyeux Noël ! à quelqu'un qui vient de recevoir sa lettre de licenciement ? Cela ne manque-t-il pas de tact, de coeur ? Plus généralement, en regardant la marche du monde, de Louxor à Kyoto, la joie n'est-elle pas un sentiment déplacé ? La réalité ne nous invite pas à la joie, mais plutôt à la tristesse ou à la révolte.
    Devons-nous dès lors vivre sans joie ? Non. La joie a sa place dans cette réalité-là. Jésus dit : "je vous reverrai et votre coeur se réjouira, et personne ne pourra vous enlever votre joie !". Lorsque Jésus dit "je vous reverrai", il parle des jours qui suivent la résurrection, dans le monde tel qu'il est, il ne parle pas de l'au-delà. La joie promise, c'est une joie pour nous ici et maintenant, une joie imprenable, donc une joie qui n'est pas étouffée, éteinte par le monde et ses circonstances tragiques. Cette joie n'efface pas la souffrance vécue non plus.
    Jésus utilise là une illustration : la femme qui accouche dans la douleur. La joie vient après le travail, la femme peut être joyeuse parce qu'un nouvel être est né.
    Cette image doit nous rendre attentif à ce que Dieu ne fait pas un équilibre entre le mal et le bien. Soit qu'à tout mal devrait correspondre un bien qui le répare. Soit qu'à tout bien devrait correspondre un mal qui le compense. (souvent des gens ont peur d'être heureux, parce qu'ils pensent que cela devra se payer plus tard).
    Dieu ne cherche pas à équilibrer le mal par du bien ou le bien par du mal. L'opposé du mal, c'est l'être. Dieu EST, il est celui qui dit JE SUIS et en cela il est opposé au mal qui conduit au néant. Dieu nous invite donc à être, être nous-mêmes, et à puiser notre être à la source de son être.
    C'est pourquoi il nous est dit : "Demander et vous recevrez, et ainsi votre joie sera complète".
    La joie est le sentiment qui naît de la sensation d'être entier, intégral. Ce qui est le contraire de déchiré, divisé, dissocié. La joie ne se commande pas, mais elle jaillit et devient communicative lorsque nous sentons que notre être est entier.
    Comment retrouve-t-on une partie égarée de soi-même ? C'est un travail de tisserand, il s'agit de tisser de nouveaux liens avec soi-même, avec son corps. Renouer avec les sensations éprouvées au fil des heures. Etre attentif à ce qui nous fait nous sentir bien, ou nous sentir mal et trier pour ne garder que le bon.
    Commencer par se sentir respirer, sentir le souffle entrer et sortir, sentir le souffle nous habiter. Sentir comment le souffle devient esprit, comment cet esprit nous habite et nous ranime. Se centrer sur le souffle de Dieu qui nous habite. Ce souffle qui est l'être et la présence de Dieu. Demander à Dieu d'habiter notre être.
    Jésus nous dit : "jusqu'à maintenant vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, et ainsi votre joie sera complète." (Jean 16:24)
    Amen.

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • Matthieu 25. Discerner la présence mystérieuse du Christ dans le monde

    Matthieu 25
    16.11.97
    Discerner la présence mystérieuse du Christ dans le monde
    Genèse 18 : 1-8 Matthieu 25 : 31-40 Romains 13 : 8-10

    Avez-vous vu Dieu ce matin ? ou ces derniers jours ?
    Si je vous disais que je l'ai croisé dans les rues de Bussigny ou qu'il est venu sonner à ma porte, il ne serait pas étonnant que vous vous mettiez à penser que ce pasteur déraille, ou qu'on est tombé sur un illuminé. Surprise et incrédulité, voilà une réaction bien normale.
    Cette surprise et cette incrédulité, c'est bien la réaction prêtée aux personnes dépeintes dans la fresque du jugement dernier que nous venons d'entendre. Alors que le Christ en gloire a séparé les gens en deux groupes, il dit aux uns "vous m'avez accueillis, nourris, vêtus", etc. et aux autres qu'ils ne l'ont pas fait. Mais dans les deux groupes des voix s'élèvent : "Quand t'avons nous vu ? Surprise et incrédulité.
    Au travers de toute la Bible nous trouvons deux affirmations contradictoires : d'un côté, elle dit: on ne peut pas voir Dieu, de l'autre elle nous demande de reconnaître que Dieu est présent.
    Voilà le paradoxe : Dieu est présent incognito dans le monde, mais il nous fait des visites surprise.
    Voyez Abraham. Il voit arriver trois visiteurs. Il les accueille avec faste. Rien, sauf le titre du récit, ne dit qu'ils diffèrent de simples voyageurs. Pourtant Dieu est présent dans les paroles de ces trois hommes. Dieu invisible présent dans le visible, dans les paroles de ces mystérieux visiteurs.
    Ces trois personnages savent-ils seulement qu'ils sont ambassadeurs, messagers de Dieu ? Comment le savoir ? Si ce n'est en prenant le message au sérieux, en écoutant, en accueillant, en se faisant réceptif. La présence mystérieuse de Dieu semble insensiblement glisser des messagers vers Abraham. N'est-ce pas lui qui croit entendre Dieu parler, qui entend ces paroles comme parole de Dieu, non pas "comme si", mais "en tant que" Parole de Dieu ? C'est le pas de la foi, la réceptivité du croyant qui guette les signes, qui attend les messages, qui attend des réponses à ses prières.
    Dieu nous fait des signes, Dieu nous met des gens sur notre chemin, pour nous parler, nous révéler à nous-mêmes, pour nous faire avancer, grandir, croître.
    Chaque personne rencontrée est peut-être porteuse d'un message pour nous, d'une révélation pour notre vie, d'une réponse à une question qu'on se pose depuis longtemps. Sommes-nous ouverts à ces messages, à ces réponses ? Sommes-nous vigilants pour les recevoir ? La vigilance est le thème des chapitres 24 et 25 de l'évangile de Matthieu (Les vierges folles et les vierges sages, la parabole des talents).
    Revenons à cette fresque du jugement dernier. Parmi tous les peuples rassemblés, chacun a été confronté à des rencontres, chacun a reçu des visites, des sollicitations, des messages. Remarquez cependant qu'aucun n'a vu l'invisible, aucun n'a vu le Christ directement dans ces rencontres. Le récit ne dit pas "ceux qui ont reconnu le Christ ont hérité du Royaume" ! Personne n'a vu Dieu, n'a vu le Christ. L'incognito a été total, mais chacun a réagi différemment à ces visites.
    Les uns ont été touchés, au fond de leur coeur, ils ont été émus par ces situations de détresse et se sont ouverts à leur prochain. Ils ont eu les yeux de la compassion et ils ont agi en suivant leur coeur.
    Les autres n'ont pas été touchés. Ils n'ont pas vu la détresse à secourir. Ils se sont fermés, enfermés.
    Selon cette fresque imagée, nous savons maintenant que nous pouvons tous rencontrer le Christ incognito, que nous l'avons tous croisé, un jour ou l'autre. Personne cependant ne peut dire : il est là, ou, il est ici, venez voir. Sa présence est toujours une surprise (comme pour les témoins d'Emmaüs).
    Nous pouvons passer notre vie à refuser de voir autre chose que la réalité, la réalité vraie, scientifique et statistique. Refuser de voir autre choses que les réalités économiques :
    - celui qui se donne de la peine trouve toujours un boulot
    - celui qui veut manger n'a qu'à travailler
    - celui qui s'est endetté/nu, n'avait qu'à ...,
    - celui qui se retrouve en prison, n'avait qu'à ...,
    - celui qui est malade, n'avait qu'à ..., pas fumer, pas boire, pas...
    Ou bien nous pouvons laisser notre coeur ou notre troisième oeil s'ouvrir, se montrer réceptif, comme Abraham.
    Nous pouvons guetter, dans chaque rencontre, sur chaque visage, dans chaque parole échangée la présence mystérieuse de ce Christ qui vient habiter la détresse de chacun.
    Dieu nous visite, Dieu nous parle, Dieu nous réclame, saurons-nous l'accueillir, l'entendre, le secourir ?
    Amen.

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • Galates 6. La foi n'est pas dans le rite, mais dans la disposition de l'esprit.

    Galates 6
    26.11.2006
    La foi n'est pas dans le rite, mais dans la disposition du cœur et de l'esprit
    Michée 4:1-4 Jean 4:19-24 Galates 6:11-16

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En cette période de l'année, l'Eglise cantonale nous invite à prendre en compte le "fait interreligieux." Notamment au travers de l'offrande cantonale de ce jour qui est destinée à la "Maison du dialogue de l'Arzillier" à Lausanne. L'Arzillier est un lieu de discussion et de rencontre pour avancer dans le dialogue interconfessionnel et interreligieux. Cette maison est aussi le siège du Conseil des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud (CECCV). Ce bâtiment est la propriété de notre Eglise, les activités sont gérées et soutenues par elle. L'Arzillier est donc l'outil de travail de l'EERV dans les relations interconfessionnelles et interreligieuses.
    Pourquoi faut-il s'occuper de ces choses-là, peut-on se demander ! Simplement parce que le monde, la Suisse, notre Canton ont changés. Dans notre Canton — au sein des chrétiens — les proportions ont radicalement changé. On tend vers une égalité de nombre entre protestants et catholiques. Dans le même temps, bien qu'en nombres encore très modestes, les croyants d'autres religions augmentent- Le dialogue interconfessionnel et interreligieux s'impose donc comme la voie préférable entre toutes.
    Le dialogue œcuménique au sein du christianisme — même s'il n'avance pas toujours comme nous le voudrions en tant que protestants — ne pose pas de problèmes de principe. Le dialogue interreligieux, par contre, ne va pas de soi. En effet, chaque religion a une prétention à se déclarer l'unique chemin vers Dieu. Cela est plus fortement marqué encore dans les monothéismes ! Le judaïsme, le christianisme et l'islam ont chacun la prétention d'être la seule voie d'accès à Dieu. Il y a là un vrai risque de violence, comme la connaissance de l'histoire doit nous le rappeler constamment !
    Que disent nos racines ? L'Ancien Testament balance constamment entre, d'un côté, l'aspiration à une "pureté identitaire" et, de l'autre, à un universalisme où toutes les nations convergent vers Jérusalem.
    Du côté de la "pureté identitaire" on trouve tous les textes qui condamnent les cultes à Baal et les idoles cananéennes, babyloniennes ou égyptiennes, tous les textes contres les mariages*1 avec les gens du pays, toutes les coutumes qui exigent de se différencier des autres peuples.
    Du côté de l'universalisme, il y a l'alliance avec Noé qui concerne tous les habitants de la terre et l'idée "futuriste" que tous les peuples se réuniront à Jérusalem pour faire la paix et adorer Dieu, le Dieu d'Israël. On n'est pas encore dans l'interreligieux, mais dans l'englobement de tous les autres dans sa propre religion, par conversion.
    Dans le Nouveau Testament, on retrouve cette même tension entre un judaïsme simplement renouvelé par Jésus et une universalisation dans l'ouverture du christianisme aux grecs, aux romains, aux païens. Jésus semble également pris dans cette tension lorsqu'il refuse une guérison à la femme cananéenne (Mt 15:22-28) parce qu'il est envoyé en mission "auprès des enfants d'Israël." Mais d'un autre côté, il renvoie juifs et samaritains dos à dos — dans son dialogue avec la Samaritaine (Jn 4) — lorsqu'il dit que "les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit" c'est-à-dire détachés des lieux saints et de l'obéissance rituelle. La foi n'est pas dans le rite, mais dans la disposition du cœur et de l'esprit. En ce sens, Jésus n'est pas venu proposer une nouvelle religion, mais une nouvelle façon d'être devant Dieu.
    Là je vais risquer une hypothèse sous forme de question : Et si cette nouvelle façon d'être en relation à Dieu — qu'apporte le Christ — pouvait être adoptée dans n'importe quelle religion, n'importe quel système religieux ?
    Petite parenthèse : on pourrait en voir des modèles chaque fois qu'un théologien a transformé un courant de pensée philosophique en une théologie chrétienne : les Pères grecs et saint Augustin pour Platon, saint Thomas d'Aquin pour Aristote, Karl Barth pour Kant et Hegel, Paul Tillich pour la philosophie des sciences humaines et le marxisme. Fin de la parenthèse.
    Revenons à notre hypothèse, et si Jésus n'était pas venu proposer une nouvelle religion — à mettre à côté des autres — mais une nouvelle façon d'être en relation avec Dieu ? Je pense que l'apôtre Paul en a eu l'intuition très forte lorsqu'il écrit cette phrase — de sa propre main — aux Galates (6:15) : "Etre circoncis, ou ne pas l'être, n'a aucune importance : ce qui importe, c'est d'être une nouvelle créature."*2
    Etre circoncis — pour Paul, l'ancien pharisien — c'est avoir inscrit dans son corps l'appartenance à un système religieux, celui du judaïsme. C'est y être inscrit envers et contre tout. La circoncision, c'est un rite religieux, observé par les juifs, par lequel, ils se différencient des autres. Les non-circoncis se différencient aussi — en miroir — des juifs. Ils ont aussi leurs rites religieux, leurs sacrifices, par exemple à l'empereur pour les romains.
    Eh bien, Paul les renvoie dos à dos : que vous pratiquiez l'obéissance à la Torah ou les sacrifices à l'empereur, cela n'a pas d'importance, "ce qui importe, c'est d'être une nouvelle créature." Paul renvoie au vestiaire toute religion, tout système religieux qui enferme l'être humain dans une pratique sensée le sauver, ou attirer sur lui les faveurs de Dieu.
    Paul en appelle à l'abolition de toutes les religions qui se prétendent des échelles pour monter au ciel — ce qui signifie aussi tous les systèmes que le christianisme a fabriqué au cours des siècles pour gagner la faveur divine. Et tout cela est remplacé par la prédication du Christ crucifié, c'est-à-dire l'annonce que Dieu a déjà tout accompli en notre faveur, pour notre salut, il a déjà fait de nous de nouvelles créatures.
    Il y a donc dans ces paroles de Paul un refus de la sacralisation de tout système religieux. Le système religieux en soi n'a aucune importance, puisque tout se joue dans la relation de Dieu à l'être humain.
    Cela devrait nous aider dans le dialogue interreligieux. Nous aider à ne pas nous sentir menacés par les différences. Nous aider à ne pas craindre de perdre des bouts de christianisme : on peut abandonner toute la dogmatique si l'on garde le lien à Dieu. Nous aider à être tolérants envers ceux qui ont besoin de rites ou de signes visibles de différenciation — même au sein du christianisme — (ils ne sont que des accessoires, pas des conditions de la relation à Dieu).
    Attention, cependant, à la tentation de transformer ce merveilleux cadeau d'amour que Dieu nous a fait en la personne du Christ en un nouveau système religieux supérieur à tous les autres. En image : ne faisons pas du Christ une nouvelle échelle pour monter vers Dieu par nos propres moyens et à imposer aux autres comme seul chemin. Ce serait une nouvelle façon d'imposer la circoncision aux païens dans le langage de Paul.
    Le christianisme n'est pas une religion qui chapeaute toutes les autres, le christianisme est la voie de sortie de la religion, de toute religion, pour que l'être humain puisse adorer Dieu en esprit et en vérité, tel que Dieu se présente lui-même, descendant du ciel pour nous rejoindre au plus près de notre humanité. Ce que Jésus nous offre, c'est Dieu sans intermédiaire.
    Amen

    *1 voir ma prédication sur Ruth 4 du 27.8.2006 voir http://clamans.hautetfort.com/archive/2006/09/11/le-message-politique-du-livre-de-ruth.html
    *2 Paul Tillich a prêché sur ce verset, voir http://www.eglise-reformee-mulhouse.org/tillich/tillich1.html

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • Matthieu 5. La peine de mort pour Saddam Hussein ?

    Matthieu 5
    12.11.2006
    La peine de mort pour Saddam Hussein ?
    Rm 13 : 1-5 Mt 5 : 21-22

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui, je vais prendre le risque de commenter un fait d'actualité. Cette semaine, la nouvelle est tombée : le Haut tribunal pénal irakien a condamné Saddam Hussein à la peine de mort. Celui-ci pourra faire appel et remettre ce verdict en question.
    Deux réactions rapides, réflexes : (i) si Saddam Hussein n'est pas condamné à mort, qui pourrait encore l'être pour des crimes civils ? Ne serait-il pas injuste qu'une personne ayant tué une, deux, trois, voir même 18 personnes s'en tire moins bien que Saddam Hussein ? (ii) La peine de mort est-elle une sanction appropriée pour Saddam Hussein si l'on entre dans des considérations qui tentent de mesurer la gravité des faits et arriver à un châtiment qui soit "à la mesure" de ses crimes. A cette échelle, la peine de mort est trop clémente !
    Pourtant, vous avez pu le voir et l'entendre dans la presse, Amnesty International, l'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) et d'autres, dont les Eglises, demandent que la peine de mort ne soit pas appliquée, même dans ce cas !
    Cette position n'est pas facile à défendre. En fait l'abolition de la peine de mort est un discours récent dans les Eglises, une idée du XXe siècle et de l'Eglise primitive. Jusqu'à la déclaration par Constantin que le christianisme devenait la religion d'Etat de l'Empire romain, l'Eglise était opposée à toute mise à mort qu'elles qu'en soient les raisons. Ensuite, en s'appuyant sur les paroles de Paul aux Romains (Rm 13:1-5) — qui dit que l'autorité a le pouvoir du glaive pour faire respecter l'ordre public — les Eglises ont soutenu les Etats et la peine de mort contre les criminels.
    Des groupes marginaux dans l'histoire, les Cathares, les Vaudois, les Anabaptistes s'y sont opposés, comme ils s'opposaient à la guerre. Ce n'est qu'au XXe siècle, le théologien bâlois Karl Barth en tête, que le mouvement abolitionniste s'est développé et a gagné presque tous les pays de tradition chrétienne.
    Cette opposition à la peine de mort est une opposition de principe. Elle fait valoir les arguments suivants :
    - la peine de mort est irréversible. Des innocents peuvent être exécutés par erreur judiciaire.
    - la peine de mort n'est pas dissuasive.
    - la peine de mort frappe avant tout les minorités et les pauvres, elle est donc injuste.
    Ces premiers arguments ne s'appliquent pas dans le cas de Saddam Hussein. Voyons les suivants :
    - Il n'appartient pas aux êtres humains de fixer le moment de la mort, seul Dieu a ce pouvoir.
    - Si coupable soit-il, un homme pour qui Jésus-Christ est mort, ne saurait être privé du temps de patience et de repentance que Dieu offre à tout pécheur.
    -La peine de mort n'est pas un moyen de légitime défense puisqu'elle s'applique sur quelqu'un qui est déjà hors d'état de nuire puisqu'il est déjà en prison.
    - la peine de mort s'exprime par le "même langage", c'est-à-dire avec les mêmes méthodes et moyens que l'on condamne chez le coupable.
    Je ne vais pas analyser chacun de ces arguments. C'est le dernier argument qui me semble en même temps le plus "chrétien" et le plus "universel", le plus compréhensible pour toutes les cultures : La peine de mort utilise le même langage de violence que celui qui est condamné chez le coupable.
    Je trouve cet argument particulièrement pertinent parce qu'il ne s'attache pas au caractère légitime ou non, légal ou non, humain ou non de la peine de mort, mais au caractère violent de la peine de mort. Quelques que soient les méthodes utilisées pour une exécution (on le voit au Etats-Unis avec la diversité de moyens engagés) la peine de mort est toujours l'application d'une violence qui contredit nos valeurs, pas seulement chrétiennes, mais les valeurs de base de toutes les démocraties.
    On utilise la même violence que l'on dénonce chez le condamné. On est dans la violence du "œil pour œil, dent pour dent" même avec tout un arsenal juridique. D'ailleurs, Saddam Hussein utilisait aussi tout un arsenal juridique en Irak qui devait légitimer ses exactions !
    Condamner Saddam Hussein "légalement" à mort, c'est une façon de reconnaître qu'il y a des violences légitimes. Pourquoi celles des nazis ou celles de Saddam Hussein sont-elles illégitimes en fin de compte puisqu'elles reposaient sur des lois d'Etat ? Bien sûr, on dira — après coup — que c'étaient des Etats criminels. Et on le fait en se plaçant au-dessus de ces Etats — p. ex. en se plaçant au niveau de l'ONU ou du TPI (Tribunal pénal international). On voit qu'il faut chaque fois "monter d'un étage" pour poser un jugement. Les chrétiens affirment simplement qu'à l'étage supérieur, il faut placer Dieu et surtout pas les hommes. Le dernier jugement doit être laissé à Dieu !
    C'est une façon de reconnaître que les jugements humains sont toujours trop étroits, trop limités, trop faillibles. La violence est une force bien trop grande, trop explosive pour être laissée entre les mains des humains (surtout quand ils prétendent faire le bien !). Comme humains, nous sommes trop tentés par la vengeance.
    Nous voudrions que la justice venge les victimes. Dans cet esprit, la peine de mort est trop clémente ! Certains ne voudraient-ils pas réintroduire les châtiments tels que la roue, l'écartèlement ou l'écorché vif ? Mais quelle violence supplémentaire améliorerait d'un cheveu le sort des victimes ? Le sort des victimes est bien la première préoccupation chrétienne. La peine de mort ne pourrait qu'assouvir — mais jamais assez — le désir de vengeance des victimes, mais on n'a jamais vu que la vengeance améliorait le sort des victimes.
    Qu'est-ce qui améliorerait leur sort ? Du temps pour mener de nombreux procès, pour faire droit, pour réhabiliter les victimes, pour faire office de mémoire, de mémorial, voilà qui soulagerait les victimes ou leurs proches. Suspendre ou abolir la peine de mort pour faire droit aux victimes de réclamer une condamnation des actes qui ont été perpétrés contre eux, voilà qui serait bienfaisant.
    Reste la question du jugement de Dieu. Comment Dieu allie-t-il justice et amour ? Justice pour les victimes, justice pour le coupable ? Amour pour les victimes, amour pour le coupable ? Nous n'en savons rien ! Pour moi, en tout cas, cela reste un grand mystère. Cependant, nous avons quelques indices à méditer dans la Passion de Jésus.

    - Un homme désigné comme coupable par tous est condamné à la peine de mort.
    - Un innocent se retrouve sur la croix. victime de la violence des hommes.
    - Tous les humains coupables aux yeux de Dieu, mais Dieu qui leur offre le salut malgré tout.
    - Une victime enterrée, que Dieu ressuscite le troisième jour et enlève au ciel.
    - Un jugement différé pour les humains, pour faire place à un amour possible entre les humains et Dieu et entre les humains.
    Aujourd'hui, ce n'est pas dans la figure de Ponce Pilate que l'on reconnaît Dieu, c'est bien dans celle de Jésus et Jésus crucifié. Si un jugement est nécessaire, c'est bien pour que justice soit rendue aux victimes. C'est bien à leur égard que Dieu allie justice et amour.
    Amen

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • 2 Rois 4. A partir de nos indigences, Dieu crée de l'abondance

    2 Rois 4
    22.11.98
    A partir de nos indigences, Dieu crée de l'abondance
    2 Rois 4 : 1-7 Marc 6 : 34-44

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    L'Evangile de Jean nous rapporte cette parole de Jésus : (Jean 10:10)
    "Moi, je suis venu pour que les humains aient la vie et l'aient en abondance"
    Pour moi, cette phrase est une clé de lecture extrêmement importante pour comprendre nombre de récits bibliques et surtout l'intention fondamentale de Dieu à notre égard. Vous avez entendu deux récits qui manifestent cette abondance. Le récit de la veuve secourue par Elisée et celui de la multiplication des pains. On pourrait en mentionner plusieurs autres : le don de la manne ou des cailles au désert, du temps de Moïse; la veuve de Sarepta secourue par Elie; la pêche miraculeuse ou encore les noces de Cana.
    Autant de miracles où de la nourriture est offerte au-delà de toute espérance. Une situation de désespoir, de misère, de mort, de pénurie est transformée en un nouveau départ. Il y a restauration, dans tous les sens du terme. La vie menacée est rétablie, restaurée et peut reprendre sur de nouvelles bases.
    N'est-ce pas aussi ce qui se passe lorsque le deuil frappe ? L'unité d'un couple ou d'une famille, des liens sont brisés et une sentiment de perte, de lassitude, de peine et de malheur s'installent. Face au manque, tout semble vain, dénué de sens. C'est ce que vit cette femme au temps du prophète Elisée. Elle a perdu son mari. Elle reste avec ses deux enfants, mais une menace pèse sur cette famille : un créancier réclame le remboursement d'une vieille dette et menace de prendre les deux enfants pour les faire travailler à son service jusqu'au remboursement de cette dette.
    Après son mari, cette femme pourrait perdre ses enfants, elle pourrait perdre toutes ses ressources à cause du passé. C'est alors qu'elle va chercher de l'aide auprès d'Elisée.
    J'admire la réaction d'Elisée. Il dit :

    "Que pourrais-je faire pour toi? Dis-moi ce que tu possèdes ! (2 R 4:2)
    En deux phrases, il donne l'occasion à cette femme, d'abord d'identifier ses besoins véritables, ensuite de faire l'inventaire de ce qu'elle a, de ses possibilités, de ses atouts, de ses forces. Elle-même pense ne rien avoir du tout, d'être au bout du rouleau, dans une situation sans issue, désespérée. Ce qu'elle a — un peu d'huile au fond d'un flacon, juste de quoi se parfumer, donc de mouiller ses doigts — lui semble être négligeable, insuffisant, rien, du néant. Elle voit sa situation avec les lunettes du manque, avec une vision de pénurie. Elle se sent sans force, seule, épuisée, dans tous les sens du terme. C'est le vide autour d'elle, c'est le vide en elle...
    Elisée va retourner cette situation. Il va partir du "peu" de ressource qu'elle à en elle. Il exhume ce petit peu de force, de richesse qui est en elle. Et il rameute les voisins à son aide en envoyant cette femme et ses fils chercher tous les récipients vides qu'ils peuvent trouver. Par ce mouvement, il se crée une petite communauté qui travaille au rétablissement de la situation de cette femme. Chacun peut apporter son aide, mais avec des récipients vides — donc une aide, mais pas un substitut aux ressources de la femme.
    La femme reste l'acteur principal de son rétablissement. C'est à partir de sa force intérieure — son peu de force — mais la sienne propre que peu à peu elle va réussir l'incroyable, ce qu'elle-même ne pouvait croire : remplir tous les vases et se sortir de sa situation désespérée.
    C'est à partir de ses propres ressources que l'abondance se met à couler. C'est à partir des 5 pains et 2 poissons que la foule avait dans ses sacs que l'abondance va surgir et les nourrir tous. C'est à partir de ce qui nous semble être nos pénuries intérieures que l'abondance et la vie véritable vont se mettre à couler.
    Là où nous avons un regard qui voit le manque, l'absence, la pénurie, Dieu est capable de nous donner un regard qui voit ce qui est là, la présence, l'abondance.

    "L'homme ne vivra pas de pain seulement..." (Mat. 4:4)
    Si nous ne savons pas multiplier les pains ou l'huile, alors faisons-le, là où cela est possible, dans nos relations les uns avec les autres ! L'abondance de vie que Dieu veut dans nos existences n'est certainement pas une abondance de biens de consommation, mais une abondance dans nos relations. Y recevoir ce dont nous avons besoin. Y donner ce dont nos proches ont besoin, de sorte que ni nous, ni nos proches ne vivent dans une pénurie d'intimité et de tendresse, un manque de proximité et d'amour.
    C'est vrai, ce n'est pas toujours facile à faire, mais c'est le miracle que Dieu souhaite introduire dans nos vies, vivre dans l'abondance de moments vrais, une abondance dont chacun peut être rassasié aussi longtemps que nécessaire, parce que l'amour ne tarit pas.
    Oui, le miracle que Dieu souhaite réaliser dans la vie de chacun, Jésus nous l'a dit :

    "Moi, je suis venu pour que les humains aient la vie et l'aient en abondance"
    (Jean 10:10)
    Amen

    © 2006, Jean-Marie Thévoz

  • Romains 1. Réformation : la justice de Dieu, une grâce offerte aux humains

    Romains 1
    2.11.97
    Réformation : la justice de Dieu, une grâce offerte aux humains
    Jér 31:31-34 Rm 1:16-17 Lc 18:9-14

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Ce premier dimanche de novembre, nous commémorons la Réformation. Le premier dimanche de novembre a probablement été choisi parce que Martin Luther avait affiché ses "95 thèses contre les indulgences" sur les portes de l'église de Wittenberg le 31 octobre 1517, voici 480 ans.
    Par ce premier acte public et provocateur, Luther dénonce vigoureusement la pratique de l'Eglise de l'époque de monnayer le salut, de remplir ses caisses en laissant croire que chacun pouvait racheter des années de purgatoire. C'est ce qu'on appelle le salut par les oeuvres.
    Luther en tant que moine avait été éduqué dans cette croyance — généralisée à l'époque — qu'en sortant du monde (en se faisant moine), en faisant pénitence et en s'appliquant à se consacrer entièrement à Dieu, on pouvait gagner son salut, la vie éternelle.
    Luther vivait — comme moine — dans l'angoisse et la terreur du jugement de Dieu. Il ne voyait Dieu que comme un juge, un Dieu comptable des bonnes et des mauvaises actions. Un Dieu impitoyable, exerçant une justice qui ne passe rien. Tous les jours, Luther se demandait avec angoisse : "Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ?"
    Un jour cependant, nous dit-on, Luther médite le début de la lettre aux Romains. Aux versets 16-17, il est question de la justice de Dieu. Là, il a comme une illumination ! Cette justice qu'il comprenait comme le jugement de Dieu sur l'homme pécheur, il la rencontre comme la façon qu'a Dieu de rendre justes les humains : "Comment Dieu rend les humains justes devant lui : par la foi seule" dit la traduction de la Bible en français courant. Le tribunal terrifiant fait place à un flot de grâce. Celui qui se croyait condamné reçoit sa lettre de grâce. De la terreur, Luther passe à la reconnaissance.
    Il y a un avant et un après. Et Luther n'aura de cesse de dénoncer ceux qui entretiennent ce régime de terreur et de soumission. Et l'on comprend combien ce message libérateur a pu trouver d'échos parmi ceux qui l'entendaient.
    Luther a marqué dans l'Histoire un avant et un après. Même si un schisme a eu lieu entre catholiques et protestants, les idées de Luther et des autres réformateurs ont fait leur chemin dans toutes les Eglises. Les indulgences ont disparu. Le discours sur le salut par les oeuvres a presque disparu. Pourtant, chassé par la porte, ce discours revient par la fenêtre, sous de nouvelles formes, sécularisées, très laïques. Aujourd'hui on a de la valeur, un statut social, à travers le travail, à travers l'argent ou une vie bien rangée et organisée. Fort de ce statut — comme le pharisien ou comme certains autorités économiques dans notre pays — on se met à juger les autres, les chômeurs, les sans-abri ou les réfugiés.
    Heureusement, la justice de Dieu n'est pas la nôtre. Cette justice de Dieu ôte les étiquettes, rassemble, reconnaît chacun parce qu'il est, non pour ce qu'il fait. La justice de Dieu est évangile, Bonne Nouvelle, parce qu'elle proclame à tous les êtres humains que Dieu leur offre la dignité, une vie qui en vaut la peine. Bonne Nouvelle, parce qu'il est impossible à qui que ce soit de gagner cela par lui-même.
    Dieu lui-même prend en charge notre transformation. La transformation de tous ceux qui acceptent qu'ils ont besoin d'être rendus à leur vérité première. Cette acceptation, c'est la foi, la confiance que Dieu m'accepte tel que je suis, la confiance que Dieu me rend juste sans que j'aie à m'en occuper moi-même.
    Si l'on reprend la question de Luther "Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ?" (phrase empruntée à deux récits bibliques, le jeune homme riche (Luc 18:18-23) et le bon samaritain (Luc 10:25-37)), la réponse est : RIEN.
    La bonne nouvelle de Jésus-Christ, c'est de pouvoir s'abandonner à la grâce de Dieu, pouvoir accepter d'être accepté, renoncer à tout effort pour sauver la face, pour bien faire, pour faire un bout de chemin pour rejoindre Dieu. C'est Dieu lui-même qui renouvelle son alliance (Jér. 31). C'est lui qui nous donne des coeurs de chair à la place de nos coeurs de pierre.
    La bonne nouvelle de Jésus-Christ, c'est accepter d'être totalement libéré du souci de l'effort de plaire à Dieu : la seule chose qui plaise à Dieu, c'est qu'on lui fasse confiance lorsqu'il nous dit : "cesse de te faire du souci".
    Libre de cette tâche de gagner notre paix intérieure, nous pouvons enfin diriger nos forces ailleurs, non plus vers nous-mêmes, mais vers les autres.
    Libérés, nous pouvons passer du souci à la sollicitude.
    Amen.

    © 2006, Jean-Marie Thévoz